Rwanda 1994 : l’autre vérité que le monde refuse de voir
Le 19 mai 2025, plusieurs journaux français ont annoncé que Madame Agathe Habyarimana ne serait pas mise en examen et que l’enquête judiciaire à son encontre était désormais close. Par conséquent, Mme Agathe Habyarimana est désormais acquittée des accusations de génocide portées contre elle par le gouvernement rwandais de Kigali.
Cette décision relance une question essentielle : qui a réellement préparé le génocide rwandais de 1994 ? Car si Mme Habyarimana, longtemps accusée de jouer un rôle central dans la machine génocidaire, est innocentée, l’origine de cette tragédie mérite d’être réévaluée.
Une remise en question de la version officielle
Pour rappel historique, le 1er octobre 1990, le Rwanda a été envahi par le Front Patriotique Rwandais (FPR), un mouvement armé soutenu par l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni, ainsi que par certaines puissances occidentales, notamment les États-Unis sous la présidence de Bill Clinton et le Royaume-Uni dirigé par Tony Blair.
Cette guerre a abouti à la prise du pouvoir par le FPR en juillet 1994, après l’assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril de la même année. La mort de ce dernier a été l’élément déclencheur d’un génocide d’une ampleur tragique, qui a coûté la vie à environ 800 000 personnes, en grande majorité des Tutsis, selon la version officielle du FPR et de son leader Paul Kagame. Cet épisode reste l’un des plus sombres de l’histoire récente de l’Afrique.
Mme Agathe Habyarimana était en accusation de multiples maux par le régime de Kigali dont entre autres :
– Ensemble avec ses frères membres de l’Akazu avoir pesé sur la politique nationale sous le régime de feu Habyarimana.
– Avoir mis en ordre de marche des escadrons de la mort
– Avoir joué un rôle majeur dans la création et le financement de la RTLM
– Avoir fait partie du noyau extrémiste qui a créé et financé et entrainé militairement et armé les Interahamwe.
– Avoir pris part vers le 11 février 94 à l’établissement des listes des membres du groupe ethnique tutsi et des hutus modérés à tuer.
– Avoir assassiné son mari pour pouvoir exécuter le génocide
– Avoir participé à des discussions politiques pendant les toutes premières heures qui ont suivi la disparition de son époux le 6 avril 94 et qui ont permis aux franges les plus extrémistes d’accéder au pouvoir.
– Avoir encouragé les actions de la terreur engagées par la garde présidentielle notamment l’assassinant d’Agathe Uwiringiyimana.
– En liaison avec les personnalités du gouvernement intérimaire impliqué dans le génocide avoir continue à intervenir dans les affaires intérieures du Rwanda à partir de l’étranger.
De toutes ces accusations, « les juges français ont conclu que les témoignages à charge étaient ‘‘contradictoires, incohérents, voire mensongers’’ et affirment que la veuve de l’ancien président hutu ‘‘apparaît non comme autrice du génocide, mais bien comme victime’’ de l’attentat terroriste de son mari qui a déclenché les massacres contre la minorité tutsi en 1994 ».
Si le tribunal reconnaît que Mme Agathe est une victime de l’attentat terroriste perpétré contre son mari, elle doit être indemnisée par l’auteur de cet attentat, qui a également déclenché le génocide.
Un génocide planifié : mais par qui ?
L’histoire nous enseigne qu’un génocide ne survient pas spontanément : il nécessite une planification, une organisation et des moyens logistiques. Si tel est le cas, alors il est légitime de se demander qui sont les véritables responsables de cette préparation.
Pour trouver le coupable, les puissances occidentales ont mis sur pied un tribunal : Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) créé en novembre 1994 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans le but de juger les principaux responsables du génocide rwandais de 1994. Son mandat était de poursuivre en justice les personnes accusées de génocide, de crimes contre l’humanité et de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire rwandais entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994.
Au total, 93 personnes ont été jugées, en grande majorité des hommes et femmes issus du gouvernement rwandais de l’époque. Ces accusés comprenaient des membres du gouvernement, des officiers militaires, des responsables administratifs, des chefs religieux et des figures médiatiques.
Cependant, malgré les condamnations prononcées, aucune de ces personnes n’a été formellement reconnue comme étant l’architecte ou le principal planificateur du génocide. Même ceux qui étaient désignés comme les cerveaux présumés – à l’exemple de l’ancien colonel Théoneste Bagosora, souvent présenté comme le principal instigateur – n’ont pas été juridiquement reconnus comme ayant planifié le génocide.
Cette situation soulève des questions sur les limites de la justice internationale : si le génocide a bel et bien été planifié, alors qui en sont les véritables auteurs? Pourquoi aucun procès n’a permis de les identifier de manière claire et définitive ?
À mon avis, les limites du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) résident principalement dans le fait qu’il n’a jugé qu’un seul camp du conflit, à savoir le gouvernement rwandais de l’époque et ses alliés, alors que deux protagonistes étaient clairement impliqués : d’une part, les forces gouvernementales et les milices Interahamwe, et d’autre part, le Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagame et ses sponsors.
Dans son livre « Le dernier prisonnier d’Arusha, Vie concrète et révélations sur la justice pénale internationale »[1], Augustin Ngirabatware expose les manipulations politiques et les lacunes de la quasi-totalité des procès du TPIR qui n’ont ciblé que les membres d’un seul groupe ethnique rwandais.
Le TPIR a volontairement fermé les yeux sur les crimes présumés commis par le FPR, que ce soit pendant la guerre (1990–1994) ou après la prise du pouvoir en juillet 1994. A ce sujet, Augustin Ngirabatware précise : « Il faut souligner le rôle prépondérant joué par l’administration américaine et le Royaume uni dans l’arrogance grandissante des responsables du FPR et partant dans la politisation de la juridiction internationale….Si non que signifierait le petit Rwanda face à ces grandes puissances, ces organisations internationales et ces hommes politiques qui tremblaient presque devant les dirigeants rwandais ! »[2].
Ce traitement asymétrique de la justice n’a pas facilité l’identification des véritables coupables, qui demeurent à ce jour impunis. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, nous nous interrogeons sur l’identité de celui qui fut à l’origine de l’hécatombe survenue au Rwanda au printemps 1994.
Les crimes du FPR et les preuves ignorées
De nombreux rapports indépendants et témoignages d’anciens membres du FPR ont pourtant évoqué des exécutions extrajudiciaires, des massacres de civils hutus, et des crimes commis dans les camps de réfugiés en République démocratique du Congo. Le rapport Mapping, publié en 2010 est très éloquent à ce sujet.
Les enquêtes des juges Jean-Louis Bruguière (France) et Fernando Andreu Merelles (Espagne)
Le juge français Jean-Louis Bruguière a mené une enquête en 2006 concernant l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, événement déclencheur du génocide au Rwanda. Son enquête s’est appuyée sur des témoignages d’anciens membres du Front patriotique rwandais (FPR) et a conclu que Paul Kagame et plusieurs de ses proches collaborateurs étaient impliqués dans la planification de l’attentat. Bruguière a alors émis neuf mandats d’arrêt internationaux contre des responsables du FPR.
Cependant, cette enquête a été fortement ignorée ou mise de côté, notamment par les autorités françaises et les instances internationales, dans un contexte de réchauffement diplomatique entre la France et le Rwanda. Cette mise à l’écart a visé à protéger Paul Kagame, devenu un allié stratégique dans la région des Grands Lacs.
De son côté, le juge espagnol Fernando Andreu Merelles, de l’Audience nationale espagnole, a ouvert une autre enquête en 2008. Il s’est appuyé sur le principe de la compétence universelle pour instruire des crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis par le FPR entre 1994 et 2000, notamment contre des réfugiés hutus au Rwanda et en République démocratique du Congo. Son enquête a abouti à l’émission de mandats d’arrêt contre 40 hauts responsables du FPR, également accusés d’avoir joué un rôle dans l’attentat contre l’avion présidentiel.
Malgré la gravité des accusations et les preuves avancées, les conclusions du juge Merelles ont elles aussi été ignorées par la communauté internationale, pour des raisons à la fois diplomatiques et géopolitiques. Aucune suite judiciaire concrète n’a été donnée à ces deux enquêtes, ce qui prouve l’impunité dont jouirait le régime rwandais.
Kagame et ses soutiens : les planificateurs du génocide rwandais de 1994
Comme je l’ai mentionné dans les paragraphes précédents, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) n’a pas souhaité enquêter sur le rôle du Front patriotique rwandais (FPR) dans la tragédie survenue au Rwanda. Une telle enquête aurait pourtant permis de déterminer si le génocide rwandais avait été planifié ou non et par qui.
Au regard de nombreuses recherches indépendantes et témoignages concordants, il faut affirmer que Paul Kagame et ses soutiens occidentaux figurent parmi les véritables planificateurs du génocide rwandais. Les conclusions de plusieurs enquêtes internationales, souvent ignorées ou étouffées, désignent clairement Kagame comme l’instigateur principal de cette tragédie.
Il est grand temps d’avoir le courage de dire aux puissances de monde qu’il est grand temps de cesser leur implication meurtrière dans toute la région des Grands Lacs. Leur soutien aveugle à un régime autoritaire, dont le FPR-Inkotanyi est l’instrument, a nourri l’impunité, la répression, et la perpétuation des violences depuis plus de trois décennies.
Les atrocités continues perpétrées contre les Rwandais de l’ethnie hutu ne peuvent plus être tolérées. Cela fait plus de 30 ans que cela dure, et le silence complice de la communauté internationale ne fait qu’ajouter à la douleur des victimes. Pendant que des tribunaux partiaux ferment les yeux sur les crimes de masse commis par le FPR, ces mêmes institutions condamnent massivement des Hutus, souvent sans preuve réelle ni procédure équitable.
Outre les travaux de recherche existants, examinons également les éléments suivants qui apportent un éclairage supplémentaire sur le rôle de Kagame dans le génocide rwandais.
Préparation de la guerre d’octobre 1990
Le juge espagnol André Merelles révèle, dans un rapport détaillé de 182 pages, la création du FPR en Ouganda et les objectifs fixés par cette coalition : « … un nombre important d’extrémistes rwandais Tutsi basés en Ouganda ont fondé le Front Patriotique Rwandais (F.P.R.), et ce afin d’atteindre trois objectifs :
i) Eliminer le plus grand nombre de personnes de l’ethnie Hutu, principalement dans leur pays d’origine.
ii) Prendre le pouvoir par la force
iii) Constituer une alliance stratégique de l’ethnie Tutsi, en collaboration avec d’autres alliés occidentaux, pour terroriser en premier lieu la population du Rwanda, puis ultérieurement toutes les populations de la région des Grands Lacs, afin d’élargir son aire de puissance, de contrôle et d’influence, et d’envahir la région du Zaïre pour s’approprier ses richesses naturelles » [p.3].
À la lumière de ces trois objectifs, il apparaît clairement que la guerre d’octobre n’est nullement le fruit du hasard : elle a été minutieusement planifiée en vue d’exterminer un grand nombre de Hutus et de semer la terreur dans l’ensemble de la région des Grands Lacs, avec le soutien actif des alliés occidentaux.
L’assassinat du président Habyarimana
Après quatre années de conflit armé sans issue décisive, Paul Kagame a choisi une option extrême : éliminer le président Juvénal Habyarimana afin de créer le chaos à l’échelle nationale et faciliter ainsi sa prise du pouvoir. Il semble ne s’être guère préoccupé des répercussions qu’un tel acte pouvait entraîner. Ce geste, considéré par plusieurs observateurs comme un attentat politique délibéré, a déclenché une tragédie d’une ampleur inouïe. Ses conséquences humaines, sociales et géopolitiques ont été désastreuses.
Non seulement il a servi de catalyseur au génocide de 1994, mais il a également causé la mort de centaines de milliers de civils et précipité le Rwanda ainsi que l’ensemble de la région des Grands Lacs dans une spirale d’instabilité jusqu’à ce jour.
Les puissances anglosaxonnes étaient dans la partie : « …les puissances occidentales anglophones ont tout fait pour que le FPR soutenu par l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni gagne la guerre à tout prix même au détriment de la démocratie qu’elles prônent toujours à travers le monde qui reste à conquérir. La résolution du conseil de sécurité des nations unis qui a décrété un embargo unilatéral contre le Rwanda le 17 mai 1994 sur proposition du gouvernement américain en est une preuve incontestable du soutien au FPR… ».
Un système d’infiltration bien organisé
Plusieurs sources ont décrit le fonctionnement des brigades clandestines. À ce sujet, il est dit : « Le modus operandi des brigades clandestines a été évoqué par plus d’un, les récits les plus parlants étant ceux de ceux qui étaient en plein dedans dans l’exécution de ce plan criminel.
Ainsi, déjà en 1995, une année après la victoire militaire du FPR, Tite Rutaremara, une des éminences grise du pouvoir incarné par Paul Kagame, a révélé au journaliste François Misser que le FPR avait plus de 36 cellules à travers tout le pays. Une cellule pouvait compter jusqu’à 300 personnes. Elles travaillaient en secret et dans le plus strict cloisonnement c’est-à-dire que les personnes ne se connaissaient pas du tout. Chacune agissait en solo en respectant les consignes données par le chef, à la manière de la mafia. Avec l’apparition du multipartisme en en 1991, ces infiltrés étaient encouragés à se dispatcher dans différents partis politiques MRND, PL, MDR, CDR?,…) alors à couteaux tirés dans la lutte politique.
Rutaremara s’est félicité de ce phénomène à plusieurs reprises. En 1997, lors d’une conférence du parti PTB à Bruxelles, il a déclaré que leurs cellules avaient atteint 3500 unités. Les exemples de ces recrutements sont nombreux et des témoignages ne manquent pas ».
Massacres dans le camp de déplacés internes de Kibeho
Le camp de Kibeho, situé dans le sud-ouest du Rwanda, abritait environ 100 000 réfugiés, majoritairement Hutus, qui craignaient de rentrer dans leurs villages d’origine en raison des représailles du Front Patriotique Rwandais (FPR), au pouvoir depuis la fin du génocide de 1994. Beaucoup redoutaient des arrestations arbitraires, des disparitions et des exécutions extrajudiciaires.
En avril 1995, l’armée patriotique rwandaise a lancé une opération brutale de démantèlement du camp. Pendant plusieurs jours, les soldats ont ouvert le feu sur les réfugiés désarmés. Devant les yeux de la communauté internationale, notamment des forces de l’ONU, notamment des Casques bleus australiens et zambiens, et d’organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières, un massacre massif a eu lieu. On estime que plus de 3000 personnes ont été tuées, bien que le chiffre exact reste controversé. À ce sujet, le livre le livre Terry Pickard se révèle particulièrement éclairant. Il y retrace le déroulement des massacres de Kibeho, dont l’ampleur et la brutalité défient l’imagination.
Malgré les témoignages accablants, les preuves visuelles et les rapports d’organisations présentes sur place, aucun responsable du FPR n’a été tenu réellement responsable de ce crime. Jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement rwandais nie la gravité du massacre, et le FPR continue de bénéficier d’une impunité totale, tant sur le plan national qu’international. Le massacre de Kibeho reste ainsi une tragédie oubliée, effacée de la mémoire officielle[3].
Conclusion
Aujourd’hui encore, le rôle du Front Patriotique Rwandais (FPR) dans les événements tragiques de 1994 reste largement ignoré ou volontairement minimisé par les institutions internationales. Cette impunité persistante accordée au régime de Kigali nourrit un profond sentiment d’injustice, notamment chez les populations victimes qui attendent toujours vérité et réparation.
Nous tenons à rappeler aux puissances occidentales, en particulier les États-Unis, leur lourde responsabilité dans la crise qui continue de ravager la région des Grands Lacs. Ce sont elles qui ont apporté un soutien militaire et politique décisif au FPR, facilitant ainsi sa prise de pouvoir, puis lui ont garanti une impunité persistante face aux crimes graves commis tant au Rwanda qu’en République Démocratique du Congo. Le bilan humain de cette impunité, estimé à plus de 20 millions de morts, ne peut être ni ignoré ni effacé.
Il est plus que jamais urgent que la communauté internationale rompe avec ce silence complice et accepte d’examiner, en toute honnêteté, l’ensemble des responsabilités dans la tragédie rwandaise – y compris celles du FPR et de ses alliés. Ce n’est qu’au prix de cette lucidité que le Rwanda pourra enfin engager un véritable processus de justice, de vérité et de réconciliation, condition essentielle à l’établissement d’une paix durable.
Vestine MUKANOHERI
Analyste politique
[1] Paris, Éditions du Panthéon, 2024.
[2] A. Ngirabatware, pp. 76-77.
[3] Jean-Hervé Bradol, « Rwanda, Kibeho 1995, un massacre impensable », Socio [En ligne], 19 | 2024, mis en ligne le 18 octobre 2024, consulté le 06 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/socio/15878 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12jav)
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