Rwanda:un terrorisme d’Etat longtemps toléré par la Communauté internationale
Depuis quelques jours, l’actualité dans la région des Grands-Lacs est dominée par les révélations de la presse britannique indiquant que la Police de ce pays avait mis en garde certains ressortissants rwandais vivant à Londres des menaces de mort pesant sur eux et provenant du régime de Paul Kagame. Ces révélations ont été confirmées par les intéressés eux-mêmes qui dans des interviews radio ou télévisées ont donné les détails et exhibé les pièces à conviction.
C’est ainsi que René Mugenzi et Jonathan Musonera ont témoigné dans la presse en montrant l’attestation de la police britannique qui les avertissait que leur vie était en danger.
Comme d’habitude le régime de Kagame s’est répandu dans des démentis aussi maladroits qu’inutiles qui, loin d’étouffer le scandale, alimentent le débat qui se place désormais sur le plan politique en Grande Bretagne. Certains élus de l’opposition commencent à se poser sérieusement la question de savoir si la Grande-Bretagne, qui est le plus grand soutien du régime de Kagame, doit continuer à fermer les yeux sur les agissements d’un régime qui pratique ouvertement le terrorisme d’Etat.
Antécédents
Le régime Kagame n’est pourtant pas novice en matière de terrorisme d’Etat. Dès sa prise du pouvoir en 1994, il a envoyé des commandos dans plusieurs pays pour tuer ou enlever des Rwandais. En 1998, celui qui avait été ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement du FPR en 1994 et lui même cadre de ce mouvement politico-militaire, Monsieur Seth Sendashonga, fut abattu dans les rues de Nairobi par un commando envoyé par Kagame. Il s’était exilé depuis quelques mois après avoir été en désaccord avec Kagame notamment en s’insurgeant contre la répression aveugle que les soldats de Kagame exerçaient sur la population. Intelligeant, compétent et donc pour cela considéré comme très dangereux par Kagame, Sendashonga avait été blessé dans une première tentative d’assassinat et son agresseur arrêté par la police kenyane sur les lieux de l’attentat avec une arme à feu encore fumante. L’agresseur fut vite identifié comme étant un diplomate de l’ambassade du Rwanda à Nairobi. Le deuxième attentat lui fut fatal.
Dans la même ville de Nairobi, le colonel Théoneste Lizinde qui venait de déserter les rangs du FPR fut abattu à bout portant en compagnie d’un homme d’affaire connu Bugilimfura, par un commando qui, de toute évidence agissait sous les ordres de Kagame.
Parallèlement à ces assassinats, des enlèvements et rapts étaient opérés par les services secrets de Kagame un peu partout dans le monde. C’est ainsi qu’en 1996, Frodouald Karamira qui fut Vice-président du parti MDR fut enlevé en Ethiopie et déposé à Kigali. Il fut sommairement jugé et exécuté en public. Peu après, l’ancien ministre de la Justice, Madame Agnès Ntamabyariro, fut enlevée par un commando de son exil en Zambie et se retrouva à Kigali. Depuis plus de15 ans, elle croupit donc en prison sans procès.
En Belgique, un journaliste a révélé que le régime rwandais lui avait demandé d’identifier une certaine catégorie de réfugiés rwandais en vue de leur neutralisation. En Norvège, un exilé rwandais menacé par les escadrons de la mort de Kagame est sous haute protection de la police de ce pays. La menace est tellement grave qu’il porte un bracelet électronique pour qu’il soit localisable à tout moment, pour sa sécurité. Plus récemment, en Afrique du Sud, un commando a tiré sur le général Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’Etat-major de l’armée du FPR. Cet acte terroriste fut orchestré par la main invisible de Kagame.
Les menaces directes ou indirectes continuent de parvenir aux exilés rwandais vivant dans différents pays. Mais jusqu’à ce jour, peu de services de sécurité les avait prises au sérieux et surtout elles n’avaient provoqué aucun débat politique. Nous espérons que le cas de la Grande Bretagne fera école et que les polices belge, française, hollandaise, américaine, canadienne, norvégienne…prendront cette fois-ci les craintes des exilés rwandais au sérieux et veilleront à décourager plus fermement les visées criminels du régime de Kigali sur leurs territoires.
Pas de compromission avec un régime voyou qui pratique un terrorisme d’Etat !
Au-delà des conséquences policières de cette affaire de Londres, il faut souhaiter et espérer que les politiques embrayent sur ce message pour faire cesser les actes criminels du régime Kagame sur leurs territoires. Comme le suggèrent certains parlementaires anglais, l’aide financière généreusement fournie au dictateur devrait être coupée. Après quoi, des sanctions seraient à envisager s’il persiste à pratiquer le terrorisme d’Etat. Et s’il s’entêtait, pourquoi pas envisager des frappes sur les installations de son armée et ses services secrets qui sèment la mort dans les capitales étrangères ? Après tout, Mouammar Kadhafi est un enfant de cœur à côté de Paul Kagame.
Ghislain Mikeno
EdA Press
Version anglaise de l’article :
Rwanda: State terrorism tolerated for long by the international community
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